Chronique de février: Le bonnet

Chapeau !
La journée s’annonçait superbe ! Après la quantité de neige tombée ces derniers jours, quel bonheur de marcher au soleil avec de bonnes chaussures sur un chemin tracé. La neige : un régal !
En janvier, même si le soleil brille, il arrive que ses rayons enlacent l’air du temps et dansent avec lui. Ce dernier, le temps d’un air, n’en fait qu’à sa tête. Le soleil, tantôt glacé offre ses caresses sans douceur, tantôt brûlant envoie des coups inattendus. Les marcheurs sont donc soumis à ces variations.
Ce jour là, l’air du temps ne manqua pas d’air. Et je me suis sentie flouée sur la marchandise. Le soleil avait laissé miroiter une douce chaleur mais il se montra glacé d’air frais. J’avais donc mis mon bonnet. Bonnet fraîchement acheté, au marché de Noël. Le coup de foudre, ça existe ! Même pour un bonnet. Il avait tout ce qu’il faut pour qu’une petite tête en tombe amoureuse. Il faisait blanc bonnet et bonnet blanc avec la neige. Il était chouette, chic, chaud et si doux. Ce bonnet ne pouvait que m’être destiné.
Je n’en n’avais fait qu’à ma tête : J’avais craqué ! Nous nous étions juré un amour éternel. Mais ne vous moquez pas. Comment un objet peut-il toucher si profondément quelqu’un qui doit vivre avec son temps ?
L’air de rien, il est bien complexe de traverser les ans.
Je marchais donc d’un bon pas. Le temps avait subitement changé d’air, excité qu'il était pas le soleil. Je fondais peu à peu sous ses rayons. Malgré tout mon amour pour ce bonnet, je le glissais dans ma poche, incapable de le supporter davantage. Et j’achevais, ravis, cette superbe balade.
Ce n’est que le lendemain que je m’aperçus du désastre. Mon bonnet tant chéri n’était plus dans ma poche. Je mis tout en l’air en point de temps, re-fis mon périple de mémoire, fis et re-fis les poches de ma veste, de mon sac, de ma voiture : Rien ! Que du vide ! Que du vide!
Et comme la mode actuelle est de toujours trouver un coupable, j’accusais l’air du temps ! C’est bien son humeur changeante qui m’avait poussée à quitter mon bonnet ! Faible consolation ! Ni ce jour là, ni les suivants, je ne pus retourner sur mes pas. Pluie, neige, gel s’étaient succédés.
Les images de ce bonnet défilaient, sans cesse, dans mes pensées. Cela allait au delà de la raison ! Je le sentais bien. J’avais l’air de quoi pour en faire une telle histoire !
Le soleil revenu, je repartis sur les traces du bonnet ; J’y croyais toujours ! Je scrutais les endroits où j’avais fait halte. Mais je rentrais bredouille, sinon remplie de cette si belle promenade.
Quelques jours plus tard, un ami, à qui j’avais parlé de mon chapeau perdu dans ces lieux qu’il connaissait bien, s’approche de moi. Penaud il sort d’un petit sachet : Le Bonnet ! Il était troué en plusieurs endroits car mon ami avait dû l’arracher aux griffes de la glace !
Je lui tirais mon chapeau !
Le bonnet avait-il répondu à mon appel ? Avait-il du batailler, à refaire surface d’un lieu improbable, ensevelit sous tant de neige ? Par chance, l’énigme reste mystère.
L’air du temps fait parfois des arrêts sur image. C’est ainsi qu’il m’a permis de m’identifier aux enfants qui perdent leur doudou. Aux enfants abattus qui le retrouvent, après passage en machine, comme neuf et sans vie. Les parents craignant les microbes, dégustés d’ailleurs bien avant par leurs petits. Mais ils ne semblent pas craindre l’immense tristesse qui s’abat sur leurs enfants ! C’est peut-être un air de ce temps là qui revenait, en prenant entre mes mains ce bonnet que j’aimais tant, tout troué qu’il était par la vie !
La laine et l’aiguille était partante pour laisser pousser des fleurs dans l’air du temps !
Sylvie Domenjoud
Le 15 février 2018


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